27 Mars 2017
Voilà bien longtemps que je ne vous ai pas raconté une histoire du soir.
C'est une dame qui est arrivée en France il y a quinze ans
Elle a laissé dans son pays, sa fille. Confiée à sa propre mère.
Je ne sais pas exactement pourquoi elle est venue. Je crois que c'est par amour pour un homme.
Elle a eu un petit garçon de cet homme. Il les a alors abandonnés. Ça va faire trois ans qu'on les connaît. C'est seulement aujourd'hui qu'elle a été suffisamment en confiance pour me raconter.
Me raconter qu'elle avait voulu sauter par la fenêtre quand cet homme l'a quittée.
Et puis elle s'est reconstruite. Avec des hauts et des bas.
À trois ans, son fils est une merveille. Elle a tout fait pour.
Mais elle va être expulsée de son logement. Elle le paye au noir depuis des années. Et là, le propriétaire a décidé qu'elle et son enfant devaient partir. Alors il a lancé une procédure d'expulsion. En l'accusant de ne pas payer son loyer depuis vingt mois.
Qu'est ce que je peux faire. Moi?
Quoi... pour cette maman qui nous a parfois embrassées parfois insultées parfois claqué la porte au nez parfois remerciées parfois maudites...?
Le fragile équilibre va s'effondrer.
Alors j'appelle l'assistante sociale. La pauvre. On lui voue un pouvoir magique. Qu'elle n'a pas.
J'ai beau être catastrophiste, scandalisée, assagie, colérique...elle maintient son cap. Parce qu'elle n'a rien d'autre à faire. Il n'y a pas de solution. C'est tout. Pas de centre maternel, son fils est trop grand. Pas de centre de réinsertion, pas de papiers. Pas de régularisation, faut attendre. Le 115. Elle ne voit que ça. Parce qu'il n'y a que ça à voir. Et que ça va être tout vu.
Repartir à zéro.