5 Mars 2017
Ça fait un moment que j'ai envie de vous parler d'Ibrahim.
Mais je crois que j'avais peur. Peur de me planter. De ne pas savoir transcrire ce que je ressens.
Bon voilà. On verra bien.
Ibrahim a trois ans.
Ibrahim est beau. Comme tous les enfants de trois ans.
Ibrahim a un chromosome vingt-et-un en plus. Pas en trop. En plus. Juste.
Ibrahim est toujours souriant. Pas comme tous les enfants de trois ans.
Ibrahim attire l'amour. Il appelle à la tendresse. Il génère de la sérénité. Tout ça, à lui tout seul.
J'ai connu un autre petit garçon qui donnait énormément. Il faisait tout pour être aimé. Mais lui, c'était parce qu'il n'était pas du tout choyé, dans son foyer. Pas comme Ibrahim.
Ibrahim est infiniment aimé par son entourage. Mais peut-être se prépare-t-il pour après?
Il doit déjà pressentir que l'on est beaucoup moins attendris, entre adultes.
Que, au mieux, les gens sont mal à l'aise. Ils surjouent l'indifférence. Ils ont des difficultés à s'ajuster.
Que, au pire, les gens sont (très) cons.
Faudra que tu nous dises, Ibrahim. Comment, qui, que veux-tu que l'on soit pour toi?
Et, au passage, si l'on pouvait avoir les moyens de lisser les différences. Genre des moyens humains qualifiés. Pas des portes de deux mètres de large dans des locaux au troisième étage sans ascenseur.