20 Avril 2017
J'ai hâte d'être grand-mère. Grand-père étant plus compromis.
Je pourrai enfin raconter à quelqu'un. Mon service militaire à moi. Ma P1...
P1 comme PCEM1. Première année du Premier Cycle des Études Médicales.
Ça n'existe plus, aujourd'hui, mon petit. Mais à mon époque, c'était kekchose!
On était un peu moins de mille le jour de la rentrée. Un peu plus de huit-cents en janvier. Quatre-vingts en juin.
Maintenant que tu sais ça, je peux t'avouer que ma première année de premier cycle des études médicales à moi...a duré deux ans. Ah oui. Ça casse un peu le mythe. Mais attends la fin de l'histoire quand même!
Tous, les mille, aspirions à devenir médecin.
Et pour cela, nous allions être sélectionnés.
Et pour cela, nous allions passer un concours en deux étapes. La première et la seconde.
Un concours avec des matières pour sélectionner des futurs médecins, donc.
De la chimie (glacé), de la physique (toujours glacé), de la biochimie (tu chauffes), de la biophysique (tu refroidis), de l'embryologie (ah c'est tiède), des sciences humaines et sociales (tu t'es brûlé). Pas d'anatomie, on verrait ça en PCEM2 dans ma fac à moi.
Bref, tu imagines bien, mon chéri, que c'était un peu la guerre. Moins de dix pour cent, ça crée l'ambiance.
Donc quoi de plus normal que les pages arrachées dans les livres de la bibliothèque universitaire.
Quoi de plus logique que des doublants ou triplants qui perturbent les cours pour éviter aux primants de suivre -chansons paillardes, trompettes, lâcher de coqs, oui lâcher de coqs-
Quoi de plus humain que de piétiner ses frères étudiants pour être bien placé dans l'amphi.
Quoi de plus évident que de dévaloriser, humilier les moins bons ou les plus fragiles...
Oui tu as bien compris. Des aspirants futurs médecins, mon poussin.
Mais il y a une morale dans cette histoire, mon tout-doux.
Cet affreux qui harcelait de propos dégradants ses concurrents(Tu es vraiment trop nul. Tu vas te planter. Rooooo tu as pas compris ça...). Ce voyou-là est arrivé à 10h00 le dix-sept mai. C'était le jour du dernier examen de sa seconde P1. Il a vu les portes de l'amphi fermées. Il a regardé sa montre puis sa convocation puis sa montre puis sa convocation. Il avait mal noté.
C'était 9h00.