18 Avril 2017
C'est arrivé aujourd'hui.
Avec les collègues, on s'est parfois fait une réflexion inavouable (ou presque) :
Les plus beaux bébés ont souvent des parents laids, ou peu aimants (ce qui revient au même, à peu de choses près).
Les parents les plus beaux ont souvent des bébés mignons, attendrissants...pas laids quand même! On parle d'enfants!... Juste patrèbeaux.
Comme si l'équité devait être un point de départ.
Bien sûr, en grandissant, les écarts s'amenuisent et les flagrances se lissent. Faut pas rêver. Chacun sa chance mais pas trop longtemps quand même.
Mais aujourd'hui, c'est arrivé.
J'ai vu un enfant que j'ai trouvé laid. C'est horrible à dire. Même à penser.
Pas un seul petit quelque truc de mignon ou d'attendrissant... (ses parents, soit dit en passant, ni beaux ni laids)
Alors je me suis demandée si c'était comme quand j'avais vu à reculons ce film prétendument comique : quand ça veut pas, ça veut pas. Pas de bonnes dispositions aujourd'hui pour trouver le moindre petit quelque truc en lui.
Et puis j'ai conclu que non. Que la beauté n'est pas universelle. Mais que la laideur, si.
Ça m'a fait mal. Un enfant. Ça ne peut pas être laid.
Un banquier, une femme politique, une célébrité, ça peut. Ils ont des compensations.
Mais ce petit enfant. Non. Il ne peut pas. Sinon (et ce serait l'acmé de l'intolérable), je risque d'en éprouver de la pitié.
Quelles sont ses compensations à lui? L'affection de ses parents? Cela peut-il suffire?
Et saupoudré d'amour parental, de résilience et de sécurité affective, est-il possible que :
de la laideur naisse la rancœur, de la rancœur la hargne, de la hargne la ténacité et de la ténacité : la fortune, le pouvoir ou la gloire? Retour à l'équité? Et lueur d'espoir pour cet enfant?
[Je me suis relue pour être sûre. Ça a l'air de se tenir. Vous n'êtes cependant pas obligés de trop creuser le raisonnement]