28 Avril 2017
Plus qu'une histoire. Voici l'aventure de ma journée.
Si je reprends depuis le début :
Un enfant est né avec une maladie.
Cet enfant est atteint par la forme grave de cette maladie. La forme homozygote. Papa porteur de la maladie mais pas malade ; Maman porteuse de la maladie mais pas malade. Un risque sur quatre et bing.
Difficultés de compréhension ou barrières psychopsychiatriques? En tout cas, ni Papa ni Maman ne semblent comprendre que leur enfant est magnifique, semble en pleine forme mais est malade. Sa maladie ne se voit pas. Leur enfant est juste sur le fil.
Entre autres risques, il est beaucoup plus sensible aux infections et susceptible d'en faire beaucoup plus de complications graves, comparé à ses pairs.
Du coup. Cet enfant doit être parfaitement vacciné et même d'avantage que les autres.
Sauf que Papamaman ne veulent pas. Ou ne peuvent pas vouloir?...
Ils aiment profondément leur enfant. C'est absolument certain.
Ça n'empêche qu'ils n'acceptent que les vaccins que la loi impose.
Pas les autres.
Sauf que la loi dit aussi qu'ils doivent protection et santé à leur enfant.
Là dessus, après trois mois de débats (et de temps perdu et de risques pris), on patinait.
Alors, à plein de professionnels, on s'est mis d'accord pour dire qu'il fallait ''mettre du tiers''.
Et que, dans ce contexte, le tiers c'était le juge des enfants. Pour rappel à leurs obligations de parents. On les a prévenus, bien sûr : Que puisqu'on n'arrivait pas à s'entendre, il fallait que quelqu'un tranche. Ils ont dit OK.
Bref. Aujourd'hui nous étions tous convoqués à 9h00 chez le juge des enfants. Pour que chacun expose son point de vue et que la juge tranche.
On s'est retrouvés au Palais de Justice avec le doc de l'hôpital super spécialisé.
On avait tous les deux annulé nos consultations du jour pour venir prêcher la parole médicale.
On était là à 8h00, comme marqué sur la convocation. On s'est dé-ceinturés deux fois, nos sacs rayonsXés deux fois, notre identité vérifiée deux fois, mon déo spray confisqué une fois...et puis on s'est plantés, avec nos cafés de la machine devant la porte du Cabinet J de l'escalier X de l'étage 0. Et puis on a discuté. Encore et encore. Les parents ne sont jamais arrivés. La juge non plus.
A 9h45, la greffière a déverrouillé la porte. Elle nous a dit que c'était papossible qu'on ait été convoqués à 9h00. Que cette juge ne convoquait JAMAIS à 9h00. Alors on lui a montré nos convocations. Alors elle a ouvert le dossier. Alors elle a bien vu que tout le monde, parents compris, avait été convoqué à 9h00. Alors le confrère hospitalier s'est vraiment fâché.
Alors elle s'est excusée. Mais c'était pas sa faute.
On a laissé toutes nos coordonnées et on a quitté les lieux.
J'ai gagné une visite du Palais de Justice, un pote hospitalier keçapeutoujourservir.
J'ai perdu beaucoup de temps, un peu de sang-froid, un déo et un morceau de foi en notre système judiciaire.
J'ai constaté que tous, ainsi, nous donnions implicitement raison aux parents. De ne pas être venus ce matin. De laisser passer les semaines, les mois.
Enfin, j'ai tremblé. Tremblé parce que le temps continue de courir et l'enfant aussi.
Il court, l'enfant, un risque terriblement réel.