6 Novembre 2017
Je vais essayer de réfléchir sur un truc à propos duquel je ne connais rien. Ouch.
Je vais essayer de trouver une solution dans ma tête.
Aujourd'hui, en consultation, j'ai vu un bébé de quatre mois, pour la première fois.
Comme je le fais d'habitude, je suis allée en salle d'attente pour l'appeler quand ça a été son tour. Je dis "Son tour", pas "Son heure" parce que je le suis quand même rarement. À l'heure. Bon mais je vous ai déjà dit. C'est pas de ma faute...
http://pasmauvaiseidee.over-blog.com/2017/05/et-elle-prend-a-l-heure-ce-docteur.html
Bref, je suis allée l'appeler. Pour l'appeler, vous allez me trouver méga-maligne, j'ai utilisé le prénom inscrit sur la page de garde du carnet de santé.
Donc : "Rémi ?"
Les parents se sont levés, Rémi dans les bras, et sont entrés dans mon antre.
Et, se tortillant les mains, ils m'ont dit :
"Il s'appelle Martin. Pas Rémi. Enfin officiellement il s'appellera Martin dans trois mois. Quand le jugement d'adoption sera prononcé. Alors on n'a pas encore changé sur le carnet de santé. Voilà."
Alors, ma petite cervelle qui n'y connaît rien a pensé que, quand même, c'est dur de changer le prénom d'un enfant. Que quand même, par respect pour ses parents biologiques...
Et puis je me suis promenée toute la journée avec ce nuage gris foncé, dans ma tête. Et puis, c'est vrai, après tout, il faut bien que l'histoire s'écrive entre cet enfant et ses parents. Son identité et son histoire ne tiennent pas au fil de son prénom...
Au delà du respect pour les parents qui ont dû confier cet enfant, il y a le respect pour cet enfant lui-même. On ne lui cachera pas son histoire. Mais pour l'aimer, sans doute faut-il s'y identifier. Sans se l'approprier. (Comme chaque relation parents-enfants. Pas d'acte de propriété dans tout ça. Juste suffisamment d'amour pour qu'ils puissent se détacher, un jour).
Cet enfant mérite un prénom qui soit prononcé avec conviction et amour.
Du coup, vous voyez...
Je n'ai pas de réponse. Sans doute, comme toujours, cela dépend-il...