5 Janvier 2018
- Tu me donneras ton bracelet quand tu seras morte, Maman ? Il est trop beau !
- Quand tu seras morte, Maman, je viendrai tous les jours sur ta tombe !
- Maman, t'es tellement vieille... (fleuri) Tu seras bientôt morte ?"
Qu'est ce qu'on a, adultes, avec la mort, que nous n'avions pas, avant sept-huit ans.
La mort c'est pas grave. C'est triste mais c'est pas grave.
C'est normal, la mort. Surtout quand on est tellement vieille.
C'est même pas triste, d'ailleurs. C'est pour lui-même que le triste est triste.
Le mort, lui, il est mort. Ça va pour lui. Pas de tristesse.
Ce qui peut rendre triste le triste, c'est le manque. Mais le manque se comble de souvenirs d'émotions, de souvenirs d'odeurs, de souvenirs de plein de trucs... Et les souvenirs c'est joyeux. C'est le mort quand il était vivant.
La nature a horreur du vide. Le manque ne restera pas vacant longtemps.
Ce qui peut rendre triste le triste, c'est la culpabilité. De n'avoir pas été là. De n'avoir pas fait le maximum au moment où il en était encore temps. La culpabilité et les regrets. La culpabilité et les remords.
Mais qu'a à faire le mort de notre culpabilité, de nos regrets, de nos remords ?... Il est mort, le mort. Ça va pour lui.
Ce qui peut rendre triste le triste, c'est l'immuabilité... La conscience que tout cela a une fin.
Mais quand même, c'était paraphé dès le départ, ça. Si on avait refusé la mort, la vie c'était même pas en rêve. Pas moyen de négocier les termes du contrat.
Finalement, la seule vraie question n'est elle pas :
Est ce qu'il voudrait vous voir aussi mal, le mort ?