13 Juin 2018
Quand je vais en crèche, dans la mesure du possible, je passe dans les "sections" d'enfants.
Et à cette époque de l'année, les bébés sont devenus des presque moyens. Ils marchent presque tous sur leurs pieds plats potelés (message subliminal aux parents inquiets : votre petit enfant n'a pas les pieds plats, il est juste un petit enfant avec des pieds de petit enfant. Plats).
Et puis, les premiers mots apparaissent !
Et comme ils m'ont apprivoisée (ou moi eux), ils commencent à adresser leurs paroles toutes neuves à mes oreilles émerveillées.
Bref. Ils me disent "Papa".
Ils me disent "Maman".
Et moi, qu'est ce que je réponds??
- Ah c'est ta maman qui vient te chercher ?
- Ah c'est ton papa qui vient te chercher ?
Systématiquement. Indépendamment de l'heure du jour. De l'activité du moment. De l'émotion de la minute.
Et ce soir, j'y repense... Et je me dis que je fais vraiment n'importe quoi !
Comment s'insurgeait-elle, déjà, ma prof de grec ancien, en première ?... "Contre-sens ! Vous interprétez ! Ça n'est pas ce que l'on vous demande !"
Oui bah, je faisais ce que je pouvais pour ne pas laisser page blanche.
Aujourd'hui, ne pas laisser silence.
C'est dommage, parce que si ça se trouve, ils n'ont pas de maman ou pas de papa, ces enfants.
C'est dommage parce que si ça se trouve, ils en ont, des parents, mais qu'ils ne viennent jamais les chercher à la crèche.
C'est dommage, parce que si ça se trouve, ils ne pensaient pas du tout à ça et que maintenant, puisque je le dis, bah ça paraît très très long cette journée...
C'est dommage, parce que si ça se trouve... Si ça se trouve, ils voulaient me dire que je suis forte comme leur maman et belle comme leur papa. Ou l'inverse. Ou les deux. Ou les quarante-sept.