4 Octobre 2018
C'est une petite fille de deux ans dont il s'agit ce soir.
Il est 18h20. Je suis dans le bureau de la directrice d'une crèche. Petite fille et sa maman se dirigent vers le local des poussettes.
Allez allez mets ton manteau, chérie! Allez allez mets ton bonnet, ma puce! Allez allez monte dans la poussette, mon ange!
Maman est pressée. Comme tous les soirs.
Il faut qu'elles aient le bus de 18h26. Sinon ce sera celui de 36. Petite fille aura faim pendant ces dix minutes d'attente. Elle va pleurer. Maman va craquer et lui donner un bout de pain. Alors petite fille ne mangera rien au dîner. Et s'endormira l'estomac creux. Et se réveillera à trois heures du matin. Or maman doit être en forme car elle vient de prendre un poste important. Et si elle n'assure pas, elle va perdre son emploi. Et si elle perd son emploi...
Bref. Un battement d'aile de papillon, ces 10 minutes d'attente du bus.
Donc : Allez allez petite fille!
Cette scène est tellement banale. Tellement ma vie aussi. Tellement sûrement la vôtre un peu. Que je n'y ai même pas prêté attention. Ça ne m'a même pas fait lever le nez.
Mais tout à coup. La voix fluette de petite fille s'est élevée. Entre la porte du bureau et celle du local à poussettes. Le "j'ai" était peut-être plutôt un "z'ai". Mais en gros, ça a sonné comme ça :
"Maman, j'ai besoin d'un câlin."
Voilà. J'vous jure. J'invente rien.