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Stéthoscope en compote

Humeurs d'un médecin de PMI, mère et femme à ses heures

Avant de pouvoir dire que la différence, c'est normal...

Avant de pouvoir dire que la différence, c'est normal...

C'est l'histoire d'un enfant de 18 mois.

Il est accueilli en crèche.

Cela fait déjà quelques semaines que l'équipe s'inquiète. 

Il évolue à côté des autres enfants. Ne sollicite ni ne répond aux sollicitations.

Il erre. Il aligne les jouets. Il tape une baguette de xylophone sur le sol. Il ne dit pas un mot. Il ne s'accroche jamais au regard. S'il pleure, c'est sans bruit. S'il rit, c'est sans raison apparente. 

Inquiétudes légitimes.

La crèche est aussi là pour cela.

Dépister des troubles développementaux. 

Les inquiétudes des auxiliaires sont transmises à la responsable puis aux médecin et psychologue de la structure.

On décide tous ensemble de qui va parler de quoi aux parents.

Ça fait peur. Annoncer un début de mauvaise nouvelle. 

Le doc s'y colle. Les auxiliaires ont déjà transmis quelques préoccupations aux parents. La responsable aussi en proposant un RDV avec le médecin.

Personne n'a envie d'y croire. Ni les parents ni personne. Pas même le doc. 

C'est peut-être un déficit sensoriel.  Vérifions que votre bel enfant entend et voit clair.

Et puis arrêter tous les écrans. Hein? Tous les écrans.

Évidemment et malheureusement, le problème ne sera pas si simple.

Il y aura un léger mieux. Parce que les écrans auront laissé place au scrutant regard inquiet de tout l'entourage. Mais ce sera partiel et transitoire. 

 

Et parfois. C'est comme ça. 

Les parents ne peuvent pas entendre que leur enfant pourrait avoir des troubles autistiques.

Impossible.

Il faudra du temps et des arguments concordants pour que cela soit entendable. 

Alors, les professionnels que nous sommes devrons réfréner notre impatience et notre désolation de voir couler ce temps (précieuse prise en charge précoce). Car on sait les chances perdues à chaque jour qui passe. Car on sait le regard noir des spécialistes interloqués de recevoir si tard un enfant dont les symptômes sont apparus des mois plus tôt.

Mais ce temps n'est pourtant pas perdu. Il est celui du deuil des parents. Deuil de l'enfant imaginé.

L'essentiel est de parvenir, à terme, à mettre des soins en place et du soutien. Et de la bienveillance. Et pas de condescendance. Et pas de regret. Ni de culpabilité. Faire de son mieux. Chacun. Ce sera déjà beaucoup. 

[Quand les parents auront accepté la nécessité des soins, une autre lutte s'amorcera : obtenir un rendez-vous, mettre en place un suivi...alors même que la pédopsychiatrie est si peu suffisamment dotée]

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A
Bonjour , c'est le même cas que j'ai rencontré dans notre crèche , un garçon de 26moi ne dit rien , aucune réaction à l'appel de son prénom , d'après sa maman il est toujours collé au écrans , télé , tablette , portable , je ne sais pas comment aborder le sujet avec sa maman qui croyait que son fils va bien .
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S
Bonjour!<br /> Vous pouvez peut-être en discuter en équipe afin de ne pas rester seule avec cette question. Le médecin, la psychologue etc peuvent vous aider. <br /> Aborder les choses n'est pas simple. Mais la creche a aussi ce rôle de repérage et une famille pourrait, a contrario, vous en vouloir, d'avoir eu des inquiétudes sans les lui transmettre. <br /> Bon courage et merci de m'avoir lue!
D
ne parlons pas trop vite de TSA. il y a 90% de chance que ce soit un SSE : un Syndrome de surexpositoin aux écrans, même avec de tels symptômes. J'en ai vu tant. Et pour le savoir, il faut faire un sevrage complet d'écran.<br /> ALD
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K
Merci de m'avoir lue. Cela me touche beaucoup! <br /> L'enfant en question a bénéficié d'un bilan CREDAT. Hélas, le sevrage des écrans ne suffira pas. Mais oui, je vois aussi beaucoup de "jolis miracles". <br /> D autres chroniques y sont consacrées.<br /> <br /> Le sujet était là le déni et le gap entre idéal de prise en charge et possibilités réelles (délai d'annonce, puis délai d'acceptation puis délai de diagnostic puis délai de prise en charge).<br /> Au plaisir de vous rencontrer et bravo pour votre ouvrage tout neuf! Kristell Guével-Delarue