18 Avril 2021
On aimerait ne pas avoir à se poser ce genre de questions.
Seulement voilà. On se pose ce genre de questions. En ce moment. Avec mes collègues.
C'est l'histoire d'un couple qui a explosé en vol.
Ils ont un enfant. Tout petit. Né après la séparation.
Le juge des affaires familiales est saisi mais ne s'est pas encore prononcé. Actuellement et depuis sa naissance, leur bébé vit avec sa mère et va en crèche.
Lui vient régulièrement chez elle. Pour voir leur enfant.
Hématomes et plaies. Son dernier passage s'est fini aux urgences medico-judiciaires pour elle et en garde à vue pour lui. Apparemment, ce n'est pas la première fois. Et bien sûr, à chaque fois, l'enfant est là. On sait les dangers encourus par ces violences pour les tout-petits. Danger immédiat par le risque de coups et blessures. Et impact sur le développement : un enfant insecure ne peut pas explorer et apprendre. Toute son énergie est consacrée à vaincre la peur et chercher du réconfort. Je ne parle même pas de la mémoire neuronale des traumatismes. Je ne parle même pas de l'indisponibilité de sa mère maltraitée.
Et oui. Assister à des violences conjugales est du même ordre que d'assister à une scène de guerre, pour un enfant.
Il a l'autorité parentale. Comme elle. Aucune mesure d'éloignement en vigueur.
S'il se présente à la crèche pour récupérer son enfant. Nous devrons le lui confier.
Nous devrons le lui confier. Au regard de la loi.
Bah ça. C'est quand même difficile à admettre.
On aimerait qu'un droit de garde soit défini. Et que des visites médiatisées soient organisées.
Mais là.
On attend le jugement.
Édit : le jugement a eu lieu. Il n'a pas fait parler de lui entre-temps. Ouf.