Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Stéthoscope en compote

Humeurs d'un médecin de PMI, mère et femme à ses heures

51bis

Ça y est! J'ai trouvé la première pièce du puzzle! Pourquoi donc la PMI?
J'avais déjà dû pressentir, sans l'avoir jamais fréquentée, qu'elle aurait pu être utile, là, dans les années 80-90.
Nous habitions, mes parents, mes soeurs et moi, un mignon quatre-pièces haussmannien de l'est parisien. J'ai eu une enfance très heureuse. Ne vous y méprenez pas.
Mais cette nuit, je me suis souvenue.
Au premier étage, il y avait un couple très raffiné. Plus âgés que mes parents. Elle est tombée enceinte de jumeaux, je devais avoir déjà neuf-dix ans. Ce qui leur en faisait facilement quarante-cinq-cinquante. Leur couple a explosé quelques courtes années plus tard. Les murs de l'immeuble doivent encore trembler de leurs disputes et être imprégnés de l'odeur du whisky qu'elle ne cachait même plus, les derniers temps.
Au deuxième étage, il y avait une mère célibataire. Un enfant d'un premier mari, puis une autre d'un deuxième homme et un bébé d'un troisième. Elle me décrivait son premier mari comme un alcoolique, mort violemment, quand je venais garder ses enfants (je n'avais pas onze ans). Il y avait la photo de ce père disparu, sur la table de chevet de son aîné.
On disait qu'elle était en couple avec le pharmacien du quartier. Je l'admirais. Elle était belle.
Au sixième, sur notre palier, il y avait un couple très bab. Elle, toujours en robe longue, évasée et colorée. Lui, barbu en costume de velours côtelé. Tous deux un peu cracras mais
terriblement sympathiques. Ils ne parvenaient pas à avoir d'enfant. Ils ont adopté un bébé au Vietnam. Adorable. Il a mal tourné.
Au septième, au-dessus de nos têtes, dans trois chambres de bonnes rassemblées, vivaient un couple et leurs deux enfants. Lui, parent d'élève très impliqué. Peu apprécié de mes parents qui avaient pour amis, nombre des instituteurs de nos écoles. Elle, profondément malade. Malade de l'alcool et de violence. Mon père est monté les voir certaines nuits. Il a appelé la police quelquefois parce que ça s'envenimait.
Au cinquième, il y avait une gentille grand-mère avec un petit chien. Ça, en guise d'entr'acte.
Au quatrième, un couple avec un grand fils unique que je trouvais prétentieux et peu avenant. Elle, triste femme, nous aimait beaucoup mes soeurs et moi. Je me souviens qu'elle nous emmenait voir des expos quelquefois. Tous leurs murs étaient peints en noir ou rouge.
Ils ont déménagé en province. Ma mère disait qu'elle était très déprimée.
Chez nous, ça respirait le bonheur. Alors, bien sûr, un jour, ma grande soeur a fugué, en chaussons, dans l'escalier de l'immeuble. Mais je crois que c'est le seul incident que les voisins aient pu nous reprocher.
Avoir reçu autant d'amour et de sérénité au su et au vu de nos petits voisins. Presqu'indécent.

51bis
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article