14 Janvier 2017
Un jour, j'ai vu en consultation une mère que je n'ai pas comprise.
Elle m'amenait son cinquième enfant.
C'était la première fois que je la voyais. Tous ses enfants étaient (ou avaient été) suivis à la PMI par une consœur que je venais de remplacer.
Son enfant devait avoir neuf/dix mois. L'âge de quatre-patter et de toucher à tout. Son aîné devait avoir huit/neuf ans. Bref, je lui ai demandé si elle s'en sortait avec tout ce petit monde.
Elle m'a répondu un truc bizarre. Du genre ''Bah oui, je laisse la dernière faire ce qu'elle veut. Elle adore toucher aux prises, grimper sur le radiateur au pied de la fenêtre, mettre les tout petits jouets de son frère dans sa bouche (...)''. Tout ça avec un grand sourire, me toisant, avec son style de dame très chic. Elle me cherchait ou quoi?
Alors je lui ai patiemment proposé les aides que l'on peut proposer à une maman débordée. Je lui ai fait mon laïus sur les accidents domestiques.
Elle m'a poliment écoutée. En souriant. Elle a refusé toute aide. Et on s'est quittées. Elle, je ne sais pas ; mais moi, très insatisfaite.
Heureusement, en PMI, on travaille en équipe et je suis allée voir ma psychologue préférée (celle avec qui on rigole bien) pour lui en parler. Elle m'a conseillé de lui demander, au prochain rendez-vous, pourquoi elle me livrait tous ces éléments inquiétants. Et de lui dire que ça me posait question. Mais c'est bien sûr!
Vous avez remarqué comme tout semble évident après avoir discuté avec un (bon) psychologue. Des lapalissades. On en ressort en se disant que l'on connaissait très bien la réponse mais que, juste, on n'y avait pas pensé.
Je l'ai revue une fois, cette mère. Une seule fois. Elle était méconnaissable : une maman chic (chique?) lambda.
Je n'ai toujours pas bien compris si elle avait voulu me tester, justifier sa présence en PMI malgré son statut social ou appeler au secours. Il me reste ce goût d'inachevé.