24 Janvier 2017
Je ne m'en remets pas.
Cette petite fille a dix mois. La situation sociale est précaire. Elle n'a pas été beaucoup stimulée jusque-là. Elle ne bouge pour ainsi dire pas. C'est la directrice de la crèche qui m'en parle. Ça fait un mois qu'elle est arrivée. Elle ne supporte que les bras ou d'être lovée dans un 'nid fait pour'. Elle n'attrape pas les objets, ne fait que flapper des mains et des pieds (comprendre : agiter dans le vide comme les ailes d'un oisillon), n'émet aucun son.
OK les filles. Alerte rouge. Et qu'en pensent les parents? Ils voient bien ce que les autres enfants font. La mère commence à dire qu'il y a un problème.
Bon. Je vais déjà aller la voir pour me rendre compte par moi-même.
Je vais dans la 'section' des bébés (comprendre : La salle où sont accueillis les bébés). Évidemment je ne mets pas longtemps à repérer de qui il s'agit. Elle est dans un transat. Elle vient de finir son goûter. Et elle quadriflappe. Je m'approche, me présente et m'installe à ses côtés. Elle pleure au début. Elle ne me connaît pas. Et puis je regarde les autres enfants et elle. Pas plus elle que les autres. Au bout d'un moment, elle accepte ma présence et se calme. Et là. Là. Elle se redresse dans son transat. Elle se penche et va à la pêche au hochet que j'ai négligemment posé à proximité. Et elle l'attrape. Et elle le passe de main en main.
Sous le regard fasciné des auxiliaires de puériculture qui la connaissent depuis un mois.
Alors je ne dis pas que tout va bien pour cette petite fille. Un bilan est prévu tout ça. Mais quand même, cette force du psychisme. Elle a voulu me montrer que quand même non mais.