13 Décembre 2016
Des histoires tristes à hurler. J'en ai plein. Je pourrais me les garder. Mais c'est trop lourd à porter. J'ai besoin de vous en livrer une de plus. Libre à vous de ne pas me lire.
Un jour, nous avons reçu une information préoccupante. Une tante qui disait que son beau-frère tapait sur son neveu de trois ans. Lequel neveu pleurait tout le temps...
Des signalements comme ça, on en a tout le temps. Des trucs de malveillance familiale ou de voisinage.
A réception de ces inquiétudes, on organise une visite au domicile à deux professionnelles.
Lors de la rencontre, le père explique que ses enfants sont la prunelle de ses yeux (neveu à un petit frère de 18 mois) et que s'il tape sur son fils de temps en temps c'est pour mieux l'éduquer. Que lui a été élevé comme ça et ça va merci.
Neveu a quand même un comportement un peu particulier. Il est très dispersé, pousse des cris, est très grand pour son âge.
La mère, en aparté, se confie à l'infirmière puéricultrice (pour une définition de la fonction, confer le jour 13 du calendrier de l'Avent précédemment publié) : ya un truc bizarre quand même. Neveu a des poils autour du zizi. Depuis un an. Elle en a parlé au médecin de famille. Il a dit que c'était rien ça.
Ma collègue me raconte ça.
On décide que ça peut pas attendre. Rendez-vous dans la semaine en pédiatrie hospitalière pour bilan endocrinien. Neveu a un cancer. Très avancé. Qui explique ses troubles. Les services sociaux s'effacent derrière les services hospitaliers. La famille change de médecin éponyme. Oui c'est préférable merci. On tente de faire entrer petit frère en crèche. C'est difficile. Les parents veulent rester soudés au chevet de neveu. C'est lourd à porter pour petit frère mais il est la joie de vivre dans une maison moribonde. Quand je dis maison, je parle d'une chambrette de, quoi?, 15 m2, insalubre. Bien sûr.
Impossible encore de convaincre les parents de faire entrer neveu dans une maison de soins proprette. Rester soudés. Comment le leur reprocher? Papa est toujours violent. Mais là où la violence répondait aux colères adolescentes de neveu dans un corps de 3 ans (le cancer secrète de la testostérone en cascade). Elle répond ici à la colère d'avoir un enfant en soins palliatifs.
Maman est silencieuse.
Et puis elle tombe enceinte. Neveu résiste. Maman accouche d'un beau bébé.
Beau bébé n'a pas neuf mois lorsqu'il décède subitement au domicile.
Neveu résiste. La famille part au pays enterrer beau bébé. Neveu supporte le vol. Il décède à l'arrivée à l'aéroport.
Je ne sais pas si on a raté quelque chose. Pourquoi, comment beau bébé est-il décédé ? La douleur n'annihile jamais la douleur. Je pense qu'ils ne reviendront pas. L'enquête de la brigade des mineurs les attend. Qui pourrait comprendre?