23 Mai 2018
Je suis la première à le défendre !
Il y a énormément de misère dans les quartiers chics.
Misère humaine. Solitude. Vieillissement. Isolement. Fragilités induites par les pathologies psychiatriques.
Misère sociale. Esclavage moderne. Insalubrité des chambres de bonnes.
Tous les étudiants qui passent par notre service en ressortent avec cette conviction :
"Ce n'est pas parce que le malheur ne se montre pas. Qu'il n'existe pas"
Pourtant.
Pourtant.
Cette vérité n'est pas seule.
Les quartiers chics hébergent aussi beaucoup de misère empathique.
Ce matin, je vous jure, j'étais heureuse d'aller travailler.
Sifflotant sur ma monture. Merveilleuse sensation de pédaler plus vite qu'une fusée. Heureuse, j'vous dis ! J'allais retrouver mes collègues adorées. Les familles reconnaissantes. Les enfants charmants.
Et puis à quelques centaines de mètres de mon arrivée. J'ai croisé successivement :
- une chauffeuse de monstre motorisé obstruant la presqu'intégralité de la rue à double sens.. Ah oui non mais elle doit déposer ses enfants à l'école !!!
Elle les jette en fait, plutôt. Et reste assise au volant. Les petites sont sommées de se dépêcher de sortir de la voiture. Elles sont en retard ! Elles sortent bien propre côté trottoir et puis traversent en courant. Évitant, d'une plume d'ange-gardien, un scooter déboulant d'on ne sait où.
- une moto très classe avec un motard très classe passant au rond rouge. Faisant la nique à un papapoussette.
Et mon préféré...
- un homme à la chevelure opulente argentée. Lunettes de soleil à montures en or quarante-huit carats, cigarillo entre index et majeur gauche. Au volant d'un bolide. Fenêtre ouverte. Le rond est rouge. Le bonhomme est vert. Une maman pas très blanche et ses trois enfants traversent. Il klaxonne. Et leur lance "On peut y aller là ? C'est bon ?"
(en pensée et en boucle) "S'il est aussi exécrable, c'est qu'il doit être malheureux. S'il est aussi..."