Humeurs d'un médecin de PMI, mère et femme à ses heures
4 Février 2019
Il y avait ce petit homme de 15 mois. Comportement évocateur de troubles de la communication et des interactions : pas de langage, non. Mais surtout, négligence des autres, adultes ou enfants, meubles parmi les meubles.
Impossible d'accrocher son regard. Absence de réaction à l'appel de son prénom.
Éliminer une surdité. Par acquis de conscience.
Mais des enfants sourds, on en a vus... ils interagissent avec les autres, ils communiquent, ils jouent.
Petit homme. Non. Lui, il déambule. Il pleure mais n'accepte pas qu'on le console. Il est dans une bulle. Loin de nous.
Alors, penser à une pathologie psychiatrique.
Cependant, en parallèle de la demande d'avis spécialisé, avertir les parents contre les méfaits des écrans. Et leur conseiller le zéro usage.
Ils me rassurent. Jamais d'écran. Non non non il est trop jeune. Ou alors un petit peu. Mais vraiment occasionnellement.
Quelques semaines plus tard, je revois Petit Homme. Il va mieux. Ce n'est pas fantastique. Il n'est pas métamorphosé. Les licornes n'ont pas encore de dents. Ni les poules d'ailes. Ou si. Enfin...
Bon.
Ça va mieux.
Pourtant, il n'a pas encore vu le pédopsychiatre.
Petit Homme regarde dans les yeux quelques secondes et réagit quand on lui parle.
La mère est contente.
Elle me dit que ça va mieux. Hein, Docteur ?
Elle ajoute qu'ils ont écouté les conseils. Ils ont bien bien diminué les écrans. Ils ne lui laissent plus la tablette qu'une seule heure par jour.
Une.
Seule.
Heure.
Par.
Jour.
... 15 mois !
D'où partions-nous pour qu'une seule heure par jour soit un grand pas pour la famille...?
Les gars, ya du boulot pour éviter un sacré fléau... sans culpabiliser... pour que ce ne soit pas caché...